Alors commençons :
Tout d'abord, premier constat pour cette saison : le niveau a clairement augmenté, et ceci dans tous les clubs. Joueurs, encadrement... on sent une réelle progression qui augure une belle et acharnée compétition, du début à la fin, avec des écarts beaucoup moins évidents qu'il y a quelques années en arrière. Les 15-0 et 10-0 deviennent rarissimes, signe qui ne trompe pas.
Pour autant, est-ce que tout est rose dans la façon dont est gérée notre Magnus ? Pas si sûr. Passons sur les différences administratives qui mériteraient un sujet à part entière. Quelles mesures sont prises pour faire progresser le championnat ? En matière extra-sportive, le calendrier fixé par la FFHG est bon, encore est-il qu'il faut qu'elle s'y tienne et soit inflexible à l'égard des clubs souhaitant délayer.
Pour le sportif, le coeur du problème, qu'est-ce qui est fait ? En matière d'encadrement, les obligations fixées sont là encore bonne (GM dès l'année prochaine, préparateur physique, etc...). Par contre, pour faire progresser le niveau des joueurs, les mesures sont beaucoup plus contestables en l'état. La principale est cette règle des JFL, qui n'a aucun intérêt actuellement, si ce n'est de faire monter inutilement et artificiellement le prix du joueur français. Pourtant, l'intention n'est pas mauvaise, mais le timing et les mesures prises en amont le sont complètement.
En effet, le niveau moyen du joueur français à son passage junior/senior n'est actuellement pas du tout satisfaisant, l'augmentation du nombre de JFL ne faisant donc que faire baisser le niveau général du championnat. Donc une mesure à contre-emploi.
Pourquoi ? Tout simplement parce que la formation n'est pas à la hauteur : malgré les bonnes volontés, les filières de sport-études françaises sont inadaptées (emploi du temps infernaux ne permettant ni de se consacrer pleinement au sport, ni aux études). Des jeunes capables de rivaliser avec ceux des grandes nations en U9, prennent de véritables piquettes quelques années plus tard face aux mêmes tant l'écart s'est creusé !
De plus, le lien entre junior et senior est totalement défaillant. Les exemples de joueurs capables de passer directement de U18 à Magnus sont et devraient rester rarissimes. Pour l'immense majorité, des étapes intermédiaires devraient exister (D2, D1). Heureusement, des partenariats fleurissent de plus en plus entre clubs de Magnus et niveaux inférieurs, mais c'est loin d'être encore suffisant.
Que faire dans un monde idéal ?
Tout d'abord enfin mettre en place une politique cohérente en matière de sport-étude. Des programmes et emplois du temps vraiment aménagés pour nos jeunes à partir du collège. Un bien meilleur encadrement sportif dès cette âge. C'est la base préalable à tout le reste. Si cela n'est pas fait, inutile d'entreprendre quoi que ce soit derrière, ça ne sera qu'un expédient.
Puis, réforme des championnats des catégories U11 à U18 afin d'augmenter progressivement le nombre de matchs et d'entraînements, nettement insuffisant actuellement faute de temps disponible.
Ensuite, obligation de partenariat entre chaque club de Magnus et un club-ferme de D1, qui fera de même avec un de D2. Ainsi, chaque jeune aura une place adaptée afin de passer progressivement et en fonction de son niveau la marche junior/senior. De plus, cela augmentera de façon significative le niveau des championnats inférieurs, puisque des jeunes joueurs faisant actuellement banquette en Magnus feront d'excellents renforts pour des clubs de D1/D2. Bien sûr, le championnat croupion U22 n'aura plus sa place dans ce contexte.
Enfin, et seulement en bout de ce processus, on pourra augmenter progressivement le nombre de JFL. Donc autant dire qu'actuellement, on fait les choses à l'envers !
Idéalement, le nombre d'étrangers, et ceci à terme donc pas d'un coup, serait au alentours de 7. Ils seront alors de véritables et incontestables renforts. Inutile de tomber dans les excès suisses, 15 joueurs français par équipes, dont une bonne dizaine ayant un temps de glace significatif, est plus que suffisant. Après, peut importe que les meilleurs s'exportent à l'étranger, on en aura toujours d'autres pour les remplacer, contrairement à maintenant.
Ce genre de processus ne se fait bien sûr pas du jour au lendemain, c'est évident. Il prendrait au minimum 6 ans le temps que la première génération correctement formée foule les glaçons de Magnus. Mais c'est le prix à payer pour avoir une véritable progression, autre que celle que nous accorde la hausse de sponsoring, qui ne peut tout faire, et a ses - dangereuses - limites.
Bien évidemment, afin que tout ce beau monde joue au maximum de son potentiel, le passage en double aller/retour est obligatoire, et même le plus vite possible.
Voilà, voilà... à vous.